1998, cela restera pour quelques-uns l'année où un événement de portée internationale et d'importance historique s'est déroulé : l'arrestation de Pinochet, qui va faire jurisprudence en droit international… c'est-à-dire une petite paille dans le bloc de métal lourd de la tyrannie et de la dictature sanglante, mais une paille quand même. Si en lisant le début de cette phrase vous pensiez au foot et à la victoire des bleus, cette page va vous déplaire…

1998, année du cynisme politique et de la décérébration collective.

1998, le couteau sous la gorge, le gouvernement balance 1 seul petit milliard de francs aux chômeurs qui ne demandent qu'à vivre décemment (cf article 25 des Droits de l'Homme) . Au même moment, il s'est lancé dans l'organisation de matches de football pour… 10 milliards de francs. Bouygues en profite pour faire son beurre (pardon, son béton) au milieu d'un des quartiers les plus défavorisés de France où certaines personnes bénéficient à peine du minimum vital. Les fonds publics utilisés pour enrichir le privé, au nez et à la barbe de ceux à qui ils reviennent de droit… voilà pour le cynisme. Cynisme politique encore quand quelques millionnaires dopés comme des bœufs, tapant dans une baballe, sont donnés en exemple aux "jeunes français" . Puisque le sport peut, paraît-il, servir d'exemple… Il est vrai que dans une société libérale, affairisme plus ou moins mafieux et tricherie sont des règles de bonne conduite.

1998, la majeure partie des français applaudit à tout rompre au spectacle du Mondial sans penser une seconde à ce que l'Etat leur refuse d'habitude (sous prétexte de restrictions budgétaires, déficits divers, et autres excuses plus ou moins foireuses) et qu'il dépense ici sans compter pour des broutilles… voilà pour la décérébration collective. Décérébration encore quand des intellectuels, des journalistes, assoupis par de bonnes bouffées de cocoricos, perdent le simple sens des réalités pour chanter les louanges du Dieu Football.

Exemples :
Rions un peu avec Jean Daniel, du Nouvel Obs, qui écrit après la victoire des bleus : "Une guerre ? Non. Une réconciliation avec soi-même […]. Nous aurons donc vu à nouveau le beau, le noble visage de la fraternité française"… cocoricoooooo ! On aime ce style sobre et sans emphase… Et encore : "un affrontement contenu par l'arbitre dans les limites de la chevalerie, et des supporters qui rejettent les images du hooliganismes et du nazisme"… Sacré Jean Daniel ! Euphorique dans son fauteuil avec sa petite télécommande, il n'a pas vu les émeutes hooliganesques à la télé. Il croyait que c'était Starsky et Hutch contre Mac Gyver !

Et puis on s'en remet une petite louche parce que c'est trop bon, trop con : "Merci Zidane, vive la France ! : nous avons tous entendu ce cri d'un beur […]. Merci de faciliter une intégration dans ce pays où, même français de passeport, nous n'étions pas encore à l'aise, pas vraiment chez nous. Jamais on aurait rêvé qu'un jour le pouvoir intégrateur de l'armée, de l'Eglise et même de l'école pourrait être remplacé par celui d'une compétition sportive"… Rassurez moi, ne me dites pas qu'il pensait vraiment que la xénophobie et le racisme étaient à jamais vaincus grâce aux tirs de Zidane ?! Et bien si : "J'ai écrit ici que le seul véritable adversaire de Le Pen, c'était Zidane. Pauvre Le Pen. Il n'est pas vaincu aux points mais par KO"…

Sincèrement, vous trouvez que j'exagère quand je parle de décérébration ?

 

 

Epilogue

1999, l'euphorie niaise est encore bien vivace et Jospin, qui ne sait plus quoi inventer pour paraître sympathique aux yeux de ses concitoyens, donne une leçon de démagogie sur Eurosport : "la victoire [du "onze" black-blanc-beur] en coupe du monde de football a sans doute contribué, selon M. Jospin, au recul de l'extrême droite" relate Le Monde du 22/12/99.

Faut-il rappeler que si l'extrême droite est au plus bas en ce début 2000 cela n'a rien à voir avec la victoire des bleus-black-blanc-beur en 98 ? Tout le mérite en revient aux militants antifascistes qui, à force de harcèlement, poussèrent Le Pen à la faute, c'est-à-dire à révéler sa vraie nature, en 97 à Mantes-la-Jolie, lorsqu'il frappa et griffa sauvagement la députée socialiste Annette Peulvast-Bergeal. On se souvient ce même jour d'un Le Pen écume au lèvres, éructant : "j'vais te faire courir moi le rouquin ! Pédé !" à l'adresse d'un manifestant anti F-Haine… Epique !

Bref, sous le coup d'une condamnation de trois mois de prison avec sursis, 20.000 francs d'amende et deux ans d'inéligibilité —en attendant le jugement en appel— le gros borgne s'était alors vu contester le leadership du parti facho par un Mégret aux dents longues… Ce fut la guerre, puis le schisme, et la lutte acharnée pour le nom et le logo FN. Autant dire la lutte pour le fonds de commerce et les subventions. Depuis, FN et MNR établissent des scores électoraux qui rasent la moquette (tout comme leurs idées, d'ailleurs).

Jospin sait tout cela, évidemment… mais voilà, il vaut mieux se faire mousser avec des sujets populaires que de rendre hommage à tous ces antifascistes qui ont fait le boulot que jamais lui et ses acolytes n'ont eu le courage de faire. La démago, c'est pas cher et ça peut rapporter gros, surtout sur une chaîne de beaufs…

 


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